Vue de Florence et de l'Arno

Joseph Wright a passé l’essentiel de sa carrière dans sa ville natale de Derby. Ses débuts, des années 1750 à 1770, sont essentiellement dédiés à l’art du portrait, mais aussi à des scènes de genre originales, présentant dans des ambiances nocturnes au clair-obscur très prononcé des vues de laboratoires d’alchimistes, de forges et de manufactures, faisant de Wright un témoin précoce de la révolution industrielle. Sa célèbre scène du Planétaire (1766, Derby Museum and Art Gallery) ou son Expérience de la pompe à air sur un oiseau (1768, Londres, National Gallery) montrent des sociétés savantes assistant à des démonstrations scientifiques, et, de manière plus générale, les progrès des Lumières par la science. Son séjour en Italie, de 1773 à 1775, renouvelle radicalement sa production jusqu’à sa mort. Sa science de la lumière nourrit un nouvel intérêt pour le paysage, où il privilégie la représentation des sites à l’aube ou au crépuscule. Dans notre Vue de Florence, peinte à la fin de sa vie, près de vingt ans après sa visite de la capitale toscane, Wright choisit un point de vue depuis le parc des Cascine, à l’ouest de la ville, sur la rive nord de l’Arno. Dans la lumière de l’aube, la cité semble s’éveiller face au spectacle grandiose du lever de soleil, caché par les nuages, mais suggéré par de puissants rayons lumineux. Les deux groupes d’arbres, à gauche et à droite, témoignent de son étude attentive de la nature, tandis que les masses de la cité sont représentées dans des formes géométriques simplifiées. L’obscurité générale de la composition permet au peintre de passer subtilement des verts et des bruns aux violets et aux roses, tout en faisant émerger la lumière au centre du tableau, reflétée par l’Arno. De subtils jeux de frottis et des incisions dans la pâte contribuent à faire vibrer la peinture, pour susciter une image où les formes se dissolvent dans une pure impression rétinienne. Cette Vue de Florence ainsi que la Vue du lac de Nemi du musée du Louvre sont les seules peintures de Wright conservées dans les musées français