Après avoir pratiqué la peinture d’histoire au sein de l’atelier familial, Francesco Guardi se spécialise à partir de 1746-1750 dans les vues (vedute) de Venise, mises à la mode par Antonio Canaletto (1697-1768). Montrant la ville sous ses aspects les plus pittoresques, cette production vite pléthorique connut un grand succès commercial auprès des touristes fortunés, souvent anglais, de la lagune. Guardi a peint plusieurs fois le pont du Rialto de Venise, changeant légèrement de point de vue et d’angle. La version de Montpellier est tardive, vers 1770-1780 ; la préparation apparaît entre les nuages, des rehauts détaillent les édifices (autres tableaux à Toulouse, musée des Augustins ; Londres, Wallace Collection ; Washington, National Gallery of Art…). Sur la rive de droite, les palais Manin et Bembo, près du pont au-dessus du rio San Salvatore, sont dominés par le campanile de l’église San Bartolomeo. Le Grand Canal, en raison de la concentration de bâtiments d’exception, des ondulations de son cours et de l’animation humaine presque grouillante sur l’eau comme dans les rues, est un sujet de prédilection de Guardi. La touche libre qui laisse apparaître en réserve la préparation donnant à l’ensemble sa base chromatique, le flou des formes, l’intensité des empâtements blancs suggèrent la vibration de la lumière dans l’atmosphère humide de Venise. Ce luminisme, ces couleurs sombres et mélancoliques semblent un écho aux scènes tourmentées de Giambattista Piazzetta (1682-1754), ce qui l’éloigne de Canaletto, beaucoup plus graphique, précis et recherchant le fini dans l’exécution.
Emplacement
- 19 - Salle SubleyrasNuméro d'inventaire
837.1.19
Date
Vers 1770
Type d'oeuvre
PeintureDimensions
Materiaux
peinture à l'huile
Genre
PaysageThème
- Eau
- La ville
- Le climat
- Vie quotidienne
- Voyage